Retrouvez l’article publié dans Les Echos : Ce qu’il faut savoir sur les Ehpad en France.
Cet article a été réalisé à partir du Panorama 2021 des EHPAD en France – Etude Uni Santé
Ce qu’il faut savoir sur les Ehpad en France
Le panorama des établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes établi par Uni Santé à partir de sa base de données répertoriant la totalité des Ehpad de France métropolitaine laisse apparaître une dépendance croissante des résidents et des disparités assez nettes entre établissements publics, associatifs ou privés. Le taux d’encadrement moyen est plus faible dans le privé.
Par Antoine Boudet – Publié le 31 janv. 2022 à 17:29Mis à jour le 1 févr. 2022 à 9:13
Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? En d’autres termes, le système français des Ehpad (pour Etablissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes) est-il la cause du scandale révélé par le livre enquête du journaliste indépendant Victor Castaner, fondé sur quantités de témoignages dénonçant des pratiques de maltraitance et de malversations ? Que répondre aux douleurs des familles confrontées à des situations parfois insupportables et aux difficultés des personnels soignants et de services contraints de travailler souvent avec des effectifs insuffisants, quelle que soit la nature de l’établissement, qu’il soit public, associatif ou privé.
Très légère baisse de l’offre
Le débat fait rage. Et il n’est pas tranché. Le panorama des Ehpad 2021, établi par Uni Santé, permet d’avoir une vision synthétique du secteur. Cette entreprise marseillaise a constitué depuis 2010 une base de données qui répertorie l’ensemble des Ehpad de France métropolitaine, à partir du Fichier national des établissements sanitaires et sociaux (Finess). On comptait ainsi en novembre dernier 7.353 Ehpad répartis sur 95 départements, pour 595.982 lits disponibles. Compte tenu d’une population française de 6,3 millions de personnes de plus de 75 ans, selon l’Insee, au 1er janvier 2021, l’offre est, en moyenne, de 1 place pour 10 personnes de plus de 75 ans. Un chiffre en très légère baisse par rapport à 2020, à 9,49 % contre 9,53 %, indique Uni Santé.
Sur la totalité de ces Ehpad, 44,5 % sont des structures publiques, 31,5 % des structures associatives et 24 % des structures privées. Dans les départements de petites villes et communes rurales, les établissements publics sont fortement majoritaires, représentant plus de 68 % des structures présentes, détaille le rapport. Tandis, qu’a contrario, les Ehpad privés représentent plus de 50 % des maisons de retraite dans les départements fortement urbanisés. Le GMP, qui définit le niveau moyen de dépendance des résidents d’un établissement, s’établit en moyenne à 713, mais à 698 pour les Ehpad associatifs contre 730 pour les établissements commerciaux, « ce qui témoigne d’un accueil de résidents plus ‘dépendants’ au sein de ceux-ci », souligne Uni Santé. Avec, en outre, une légère augmentation du degré de dépendance des résidents dans le privé.
Disparités dans le taux d’encadrement moyen
Paradoxe, alors que cela devrait impliquer d’avoir davantage de personnel pour s’occuper de ces personnes âgées de plus en plus dépendantes, le rapport d’Uni Santé relève un taux d’encadrement moyen de 58 équivalents temps plein (ETP) pour 100 résidents dans les Ehpad privés, contre 59 dans l’associatif et 65 dans le public. Seuls 16 % des Ehpad en France métropolitaine ont mis en place un dispositif d’infirmier(e)s de nuit mutualisé, mais 20 % dans le public contre 10 % dans le privé ou l’associatif.
La tarification dans les Ehpad repose sur les trois composantes de la prise en charge des personnes âgées : le soin pris en charge par l’Assurance maladie, la dépendance partiellement prise en charge par les départements et l’hébergement à la charge du résident ou du département avec l’aide sociale à l’hébergement. On observe de fortes disparités selon la localisation de l’établissement. Selon Uni Santé, le tarif mensuel moyen s’établit à 3.886 euros à Paris, 3.448 euros dans les Hauts-de-Seine et 2.997 dans les Yvelines, tandis qu’à l’opposé, dans le Cantal, la Haute-Saône ou encore la Meuse, il est inférieur à 1.800 euros.
En conclusion, Uni Santé estime que l’offre d’hébergement en Ehpad, bien qu’importante, « est aujourd’hui insuffisante afin de faire face à l’avancée en âge que connaît notre pays », et que le tarif moyen qui « reste très élevé en France pose une nouvelle fois la question du financement ».
