Les personnes âgées de 60 ans et plus sont au nombre de 18 millions aujourd’hui. Selon les projection de l’Insee, elles seront 20 millions en 2030 et près de 24 millions en 2060. Le nombre des plus de 85 ans passera de 1,4 million aujourd’hui à 5 millions en 2060.
La majorité des personnes âgées vieillissent dans de bonnes conditions d’autonomie. Seuls 8% des plus de 60 ans sont dépendants et 1 personne de plus de 85 ans sur 5 (20%). L’âge moyen de perte d’autonomie est de 83 ans.
Si nos habitudes de prise en charge de la dépendance restent inchangées, ce sont 108 000 seniors qui seraient attendus en EHPAD d’ici 2030 et 211 000 entre 2030 et 2050. (1)
EHPAD : Quelle est l’offre en 2023 en France ?
L’étude réalisée par Uni Santé dresse ainsi un état des lieux de l’offre en France : la répartition géographique des structures est-elle satisfaisante, ces structures sont-elles adaptées en nombre et aux besoins des personnes âgées et enfin quel est le coût mensuel du séjour ?
Un taux d’équipement variable en fonction des départements : de 0,4 place pour 10 personnes à 1 place pour 10 personnes
Au 1er janvier 2022, selon les données Insee, la population française compte 6 519 114 personnes de plus de 75 ans. A fin septembre 2022, selon les données de la base EHPAD Uni Santé, 7 333 EHPAD sont présents en France métropolitaine, pour un nombre de lits installés de 596 763 vs 595 982 un an plus tôt (hausse de 1,3%).
Sur la base de ces chiffres, on estime que l’offre EHPAD est inférieure à 1 place pour 10 personnes de plus de 75 ans. On notera par ailleurs que malgré la hausse du nombre de lits, l’offre disponible dans notre pays semble diminuer dans la mesure où cette hausse ne suffit pas à compenser notre évolution démographique (+4% chez les plus de 75ans). Ainsi, le ratio de lit / + 75 ans est en 2023 de 9,15% vs. 9,49% en 2022.
Cependant, l’offre est très inégale en fonction des départements : Ainsi seulement 4,07 places pour 100 personnes de plus de 75 ans sont offertes à Paris (ratio légèrement en baisse par rapport à 2022) contre 16,44 places pour 100 personnes en Lozère (ratio qui est lui en légère augmentation par rapport à 2022).
Ce constat peut s’appliquer aussi au niveau des régions. En Ile de France et en PACA, le taux d’équipement est inférieur ou égal à 8 places pour 100 personnes de plus de 75 ans. A contrario, en Bretagne ou dans les Pays de la Loire, le taux d’équipement atteint près de 12% ce qui nous permet de faire un constat simple : le taux d’équipement tend à être supérieur dans les départements à majorité rurale.
Profil des établissements
· Des établissements majoritairement publics
Les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) peuvent être publics, privés commerciaux ou associatifs.
Sur les 7 333 EHPAD que compte notre pays en 2023, 44,43 % sont des structures publiques (soit 3258 EHPAD), contre 31,64 % pour les structures associatives (pour 2320 EHPAD) et 23,93 % pour les structures privés (avec 1755 établissements).
Dans les départements de petites villes et communes rurales, les EHPAD publics sont fortement majoritaires et représentent plus de 68 % des structures présentes.
A l’inverse, dans les départements fortement urbanisés, comme les Alpes Maritimes, les Bouches du Rhône, le Val d’Oise, les Yvelines, les Hauts de Seine, Le Var, L’Essonne, la Charente Maritime, les EHPAD privés représentent plus de 50 % des structures présentes. Cette prédominance du privé commercial dans les départements ruraux s’expliquant en partie par un coût du foncier discriminant pour les établissements publics et associatifs.
Les établissements associatifs sont, quant à eux fortement représentés dans les départements de l’Est de la France ; du fait de liens historiques ; en Loire Atlantique, en Aveyron, dans les Pyrénées Atlantiques (plus de 50 % des structures présentes).
81 places en moyenne
La capacité moyenne d’hébergement des établissements est de 81 places avec néanmoins des variations en fonction du statut des établissements : Ainsi, les établissements publics compteront en moyenne 88 places, contre 76 places pour les établissements privés commerciaux et 75 places dans l’associatif.
Par ailleurs, parmi les établissements publics, 25% ont une capacité d’accueil de 100 places et plus.
Un niveau de dépendance moyen des établissements de 714,25
Le niveau de dépendance des personnes accueillies dans un établissement peut être mesuré à partir du Gir Moyen Pondéré (GMP). Le GMP définit le niveau moyen de dépendance des résidents d’un établissement. Plus celui-ci est élevé, plus le niveau de dépendance des personnes âgées est important.
Au niveau France, le GMP moyen est de 714,25, avec des différences en fonction du statut : de 700 pour les EHPAD associatifs à 732 pour les EHPAD commerciaux, ce qui témoigne d’un accueil de résidents plus « dépendants » au sein de ceux-ci.
On notera par ailleurs une augmentation faible mais constante du Gir Moyen Pondéré d’année en année (de l’ordre de 0,1%).
Une corrélation sera notamment observée entre le Gir Moyen Pondéré moyen et le ratio lits/personnes de plus de 75 ans. Plus le ratio lits/population de plus de 75 ans est élevé, plus le GMP est faible.
Dans les Pays de La Loire, avec un ratio de 11,74 % le GMP est de 674 contre 733 en PACA avec un ratio lits de 7,40 %.
Cet élément nous amènera à émettre le constat suivant : dans les régions où la capacité d’accueil est la plus faible, les établissements auront tendance à accueillir en priorité les personnes présentant le plus haut niveau de perte d’autonomie alors que dans les régions où l’offre est forte, les établissements auront la capacité à accueillir un plus grand nombre de personnes, ce qui relève de la pure logique.
*Données portant sur 91 % des établissements
Un PMP moyen de 198,5
Au niveau France, le Pathos Moyen Pondéré moyen est de 198,5. De grandes différences sont notées en fonction des régions, allant d’un PM de 177 pour les Pays de La Loire à un PMP de 208 en Ile de France.
Là encore, on note une différence en fonction du statut : les EHPAD privés ont un PMP moyen de 202 contre 196 pour les EHPAD associatifs.
*Données portant sur 86 % des établissements
Accueil de jour : une offre proposée par 20% des EHPAD
Plus de 40% des EHPAD dans la Meuse, le Territoire de Belfort, la Haute Marne, les Landes, le Jura, les Pyrénées Orientales, les Vosges, proposent un accueil de jour. Cependant, cette offre de répit est peu proposée en Haute Saône, en Haute Garonne, dans le Lot, à Paris, en Corse, dans le Cantal, dans les Hautes Alpes, dans l’Ain, dans le Puy de Dôme (- de 10% des EHPAD).
Patients Alzheimer en EHPAD : une prise en charge plus importante dans les EHPAD privés
La prise en charge des résidents souffrant de maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée se fait au sein d’Unités Alzheimer, de Pôles d’Activités et de Soins Adaptés (PASA) ou d’Unités d’Hébergement Renforcées (UHR). 78 840 places sont dédiées à la prise en charge de patients Alzheimer au sein d’Unités de Vie Protégées ou d’Unité d’Hébergement Renforcées, soit 13,21 % des places existantes en EHPAD. Là encore, on note une très forte disparité en fonction des départements, allant d’un ratio de 5,75 % pour le département de l’Aveyron à un ratio de 19,73 % dans le Pas de Calais.
On note également une disparité en fonction du statut des établissements. Proportionnellement les EHPAD privés proposent un accueil plus important des personnes Alzheimer.
En 2023, un peu plus de 1 795 EHPAD proposent un Pôle d’Activités et de Soins Adaptés, soit 24,48 % des établissements, en augmentation par rapport à 2022. Ils sont particulièrement développés dans les départements de Meurthe et Moselle, du Vaucluse, des Pyrénées Orientales, les Alpes de Haute Provence, les Bouches du Rhône. Par contre, on observe la présence de plus de Pôles d’Activités et de Soins Adaptés (Pasa) dans les EHPAD publics. 27 % des EHPAD publics ont un Pasa, contre 16 % pour les structures privées.
Hospitalisation à Domicile, Télémédecine, Internet dans les chambres
81% des EHAPD proposent de l‘Hospitalisation à domicile
81 % des EHPAD proposent de l’Hospitalisation à Domicile, mais une offre à développer dans certains départements comme le Tarn et Garonne, les Hautes Alpes, le Gard, les Alpes de Haut de Provence (moins de 50% des établissements)
29 % des EHPAD sont équipés de Télémédecine
Au niveau France, 29 % des EHPAD sont équipés de télémédecine, soit une augmentation de 2 points par rapport à 2022.
Dans les départements comme l’Aude, la Haute Garonne, la Haute Vienne, l’Hérault, le Lot et Garonne, les Pyrénées Orientales, le Gers, la Dordogne, la Charente, les Deux Sèvres, la Gironde, la Corrèze, le Gers, le Lot, la Creuse, la Charente, les Deux Sèvres, la Haute Vienne, plus de 50% sont équipés.
*Données portant sur 96% des EHPAD
Internet et / ou Wifi dans les chambres : 53 % des EHPAD sont connectés
La crise sanitaire a mis en avant l’importance du numérique dans le maintien du lien social des résidents. A ce jour, 53% des EHPAD proposent le Wifi ou un accès Internet dans toutes ou certaines de leurs chambres, soit par rapport à 2022 une augmentation de 5 points. Là encore on note grandes disparités en fonction des départements et du statut des établissements.
Un déficit d’équipement dans les EHPAD pubics : 42,6 % des EHPAD publics, + 5 points par rapport à 2022, proposent du Wifi ou un accès Internet dans toutes ou certaines chambres contre 74 %, + 8 points par rapport à 2022, dans les EHPAD privés.
Un taux d’encadrement global moyen de 0,62. Un ratio stable
Un taux d’encadrement moyen de 0,62
Le taux d’encadrement global se définit comme le nombre d’emplois directs en équivalent temps plein par rapport au nombre de résidents accueillis. Toutes les fonctions présentes dans l’EHPAD, à savoir les salariés appartenant aux pôles administratifs, de restauration, d’animation, d’hébergement et de soins sont prises en compte dans le calcul du taux d’encadrement global.
Le taux d’encadrement global moyen est de 62 équivalents temps plein pour 100 résidents*.
Des différences sont à noter en fonction du statut juridique des structures : 65,4 pour les EHPAD publics, 59,4 pour les EHPAD associatifs et 58,2 pour les EHPAD privées.
*Données portant sur 98% des EHPAD
Infirmière la nuit : 17% des EHPAD ont mis en place un dispositif IDE la nuit
17% des EHPAD ont mis en place un dispositif IDE la nuit (présence ou astreinte), en augmentation d’1 point par rapport à 2022. Cette mise en place diffère en fonction du statut de l’établissement : 20% dans le public contre 10% dans les EHPAD privés ou associatifs.
Un coût moyen d’hébergement mensuel en 2022 de 2 224 €
La tarification dans les EHPAD repose sur les trois composantes de la prise en charge des personnes âgées :
– le soin (pris en charge par l’Assurance maladie),
– la dépendance (partiellement prise en charge par les départements à travers l’allocation personnalisée d’autonomie et par les résidents qui acquittent un ticket modérateur (Gir 5/6)
– l’hébergement (à la charge du résident, de ses obligés alimentaires ou du département avec l’aide sociale à l’hébergement).
Le tarif journalier (hébergement + tarif Gir 5/6) moyen en chambre simple est de 74,15 € soit 2224 € par mois .
Par rapport à 2021, on note une augmentation moyenne de 41 €/mois soit une hausse de 1,8% qui reste raisonnable dans un contexte fortement inflationniste.
Tarif hébergement en fonction du statut
Un tarif moyen journalier (sur la base d’une chambre simple + Gir 5/6) de 65,43 € pour les EHPAD publics à 96,67 € pour les EHPAD privés.
Retrouvez les tarifs par département
Conclusion
L’analyse des données 2022 tirées des bases Uni Santé nous permet aujourd’hui d’observer différents éléments :
- L’offre EHPAD, bien qu’importante avec plus de 596 000 lits, est insuffisante dans certains départements. De plus, il apparait aujourd’hui que malgré l’augmentation du nombre de lits sur notre territoire, celle-ci ne permet pas de compenser l’évolution démographique de notre pays. C’est notamment le sens des propos de Pierre Moscovici, Président de la Cour des Comptes ndlr, qui a annoncé en septembre 2022 lors des Assises Nationale des EHPAD qu’afin de répondre efficacement à l’évolution démographique du pays (avec de plus en plus de personnes âgées), il nous faudrait doubler le nombre de lits en EHPAD. Cependant, bien que réel, ce constat se heurte à la réglementation régissant les ouvertures de lits qui ne permet pas à ce jour d’augmenter sensiblement les places disponibles mais également à la politique du gouvernement qui tend vers le domicile.
- De plus on peut constater que le niveau moyen de dépendance des résidents est de plus en plus élevé, nécessitant une prise en charge plus importante alors que le taux d’encadrement global moyen reste trop faible à hauteur de 62 ETP pour 100 résidents. Ce constat pose la question du manque de moyens humains dans le secteur du Grand-Age, secteur qui est à la peine au niveau du recrutement malgré les efforts consentis par l’État dans le cadre du plan Segur. Bien qu’essentiel au bon fonctionnement de notre société, le secteur reste aujourd’hui trop peu attractif du fait de la pénibilité du travail (pénibilité d’ailleurs exacerbée par les manques d’effectifs) et d’une rémunération trop faible. De plus, selon le rapport de la Cour des Comptes de septembre 2022 sur les comptes de la Sécurité sociale, le ratio d’un salarié pour un résident permettrait de diminuer d’un tiers le taux d’absentéisme lié aux accidents du travail et maladies professionnelles en Ehpad, et de le faire passer de 2,3 % à 1,54 %.
- Une évolution importante des nouvelles technologies en EHPAD avec une forte hausse des installations Internet et de la télémédecine. Cette année encore, on constate un recours accru aux nouvelles technologies en EHPAD avec une forte hausse des installations en télémédecine et plus simplement d’Internet. Ce basculement vers les nouvelles technologies accéléré depuis la crise du COVID-19 nous fait envisager à terme de nouvelles méthodes de prise en charge qui devront permettre d’améliorer la prise en charge des résidents tout en venant soulager le personnel soignant.
- Pour l’année 2022, il a été constaté un coût moyen d’hébergement mensuel de 2 224 €, soit une augmentation moyenne de 1,8% à 41€ par mois. Cette augmentation des tarifs semble aujourd’hui contrôlée et en ligne avec les augmentations constatées les années précédentes. Cependant, il faudra souligner que la majorité des tarifs en EHPAD ont été arrêté avant fin juin 2022 et le début de la crise inflationniste. Ainsi, compte tenu du contexte économique actuel, il faut s’attendre à un fort rattrapage tarifaire dans les semaines et mois à venir avec des hausses qui pourront dépassées les 10%. La faible hausse tarifaire constatée ici devra donc être prise avec des pincettes car elle ne prend pas encore en compte le contexte inflationniste auquel nous faisons actuellement face dans notre pays.
Cependant, le tarif moyen de prise en charge reste d’ores et déjà très élevé en France posant une nouvelle fois la question du financement alors que la mise en place d’une véritable loi « Grand Age » devant permettre le financement à long terme de la perte d’autonomie semble une nouvelle fois reportée sine die.
On soulignera par ailleurs qu’une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), publiée en juillet 2022 (2), permet d’estimer la participation des seniors aux dépenses liées à la dépendance, aussi bien à domicile qu’en EHPAD, une fois les aides déduites, selon leur lieu de vie, leur niveau de dépendance et leurs ressources en 2019.
Ainsi En EHPAD, le reste à charge moyen des résidents EHPA, Ehpad et USLD serait de 1 957 euros par mois avant prise en compte de l’ASH. L’étude souligne également que les personnes âgées touchent un montant moyen d’aides (toutes aides confondues, avant prise en compte de l’aide sociale à l’hébergement) de 428 euros par mois : 338 € d’APA, 44 € d’aide au logement et 46 € de réduction d’impôt.
Aujourd’hui et une fois décomptés les bénéficiaires de l’ASH, il reste six résidents sur dix (61 %) dont le reste à charge est supérieur aux ressources « courantes ». Les principales options pour financer ce reste à charge deviennent alors la mobilisation de l’épargne ou du patrimoine ou le financement par la famille ou des proches.
Il apparait donc de première importance de repenser dès maintenant notre modèle de financement de la perte d’autonomie en acceptant notamment un plus large recours au financement privé via la promotion de produits tels que l’Assurance Dépendance.
- Perte d’autonomie : à pratiques inchangées, 108 000 seniors de plus seraient attendus en Ehpad d’ici à 2030 – Dress décembre 2020
- Aides à l’autonomie des personnes âgées : qui paie quoi ? L’apport du modèle Autonomix – Résultats 2019 – Etude DRESS juillet 2022