Accompagner un proche malade, âgé ou en situation de handicap est un geste profondément humain. Mais c’est aussi un rôle exigeant, souvent invisible, qui pèse sur le quotidien.
Une récente étude menée par Clariane et OpinionWay auprès de plus de 13 000 Européens dans six pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Belgique et Pays-Bas) dresse un panorama des aidants en Europe en 2025.
Aidants en Europe
Près d’un Européen sur trois (28 %) est aidant régulier — c’est-à-dire qu’il consacre du temps, chaque semaine, à un proche en perte d’autonomie.
En moyenne, ces aidants ont 47 ans, et plus de 70 % exercent une activité professionnelle. Ils vivent pour la plupart en couple et ont souvent des enfants. Autrement dit : ce sont des personnes « ordinaires », prises entre vie familiale, travail, et responsabilités d’aidant.
Dans 89 % des cas, la personne aidée fait partie de la famille — souvent un parent ou un grand-parent. Et même si l’aide est donnée avec amour, elle demande beaucoup d’énergie : en moyenne 13 heures par semaine, soit près de deux heures par jour.
Une aide multiple, souvent quotidienne
Être aidant, ce n’est pas qu’une question de gestes du quotidien. C’est une implication complète :
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Aide matérielle (courses, repas, ménage, déplacements) : 73 %
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Soutien moral : 59 %
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Aide administrative : 54 %
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Aide physique (toilette, habillage, soins) : 40 %
Près d’un tiers des aidants disent aider tous les jours, et près de la moitié plusieurs fois par semaine. Derrière ces chiffres, il y a des heures volées au repos, au travail, aux loisirs… et souvent, une fatigue qui s’installe.
Le poids de la charge émotionnelle
Selon l’étude, 7 aidants sur 10 ressentent une charge importante, et 69 % estiment que ce rôle a un impact sur leur santé, physique ou psychique.
Beaucoup décrivent une forme de tension permanente : peur de mal faire, difficulté à s’arrêter, sentiment d’isolement.
Plus d’un aidant sur deux reconnaît aussi que son rôle pèse sur sa vie familiale, amicale ou professionnelle.
Et pourtant, malgré cette fatigue, la fierté domine.
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84 % disent qu’ils ont choisi d’aider.
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90 % se disent fiers de ce qu’ils font.
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82 % déclarent être heureux d’apporter cette aide.
C’est ce paradoxe qui définit le mieux la réalité des aidants : entre épuisement et accomplissement, entre le poids et le sens.
Le manque de soutien reste criant
L’étude met aussi en lumière un sentiment partagé : le manque de reconnaissance et de soutien.
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82 % des aidants aimeraient davantage d’aide de la part des pouvoirs publics.
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Moins d’un sur deux estime qu’il existe aujourd’hui des mesures concrètes pour eux.
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Et seuls 42 % se sentent bien informés sur leurs droits et les dispositifs disponibles.
Beaucoup ne savent pas qu’ils peuvent avoir droit à un congé proche aidant, à des solutions de répit, ou à des aides financières selon leur pays. Cette méconnaissance renforce le sentiment d’être seul face à la charge.
En France : un rôle reconnu, mais encore trop lourd
Les chiffres français se rapprochent de la moyenne européenne, avec quelques spécificités.
La moitié des aidants français pensent que des dispositifs existent pour les aider — c’est mieux qu’ailleurs, mais encore insuffisant.
65 % disent que leur vie familiale est affectée par leur rôle, et 53 % reconnaissent que leur vie sociale ou professionnelle en souffre.
Heureusement, la parole se libère peu à peu. Les entreprises, les associations et les collectivités locales commencent à intégrer la question des aidants dans leurs politiques : aménagement du temps de travail, sensibilisation, accompagnement psychologique, groupes de parole…
Et maintenant ?
Les aidants sont le maillon invisible de la solidarité en Europe. Sans eux, nos systèmes de santé et d’accompagnement seraient en grande difficulté.
Mais ils ne peuvent pas tout porter seuls. L’étude Clariane / OpinionWay le montre clairement : il est urgent de reconnaître leur rôle, de les soutenir concrètement, et de leur donner du répit.
Être aidant, c’est donner du temps, de la tendresse, de la force.
Mais c’est aussi un engagement qui mérite d’être accompagné, valorisé et protégé.
💡 À retenir
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1 Européen sur 3 est aidant régulier.
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13 h d’aide en moyenne par semaine.
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7 sur 10 ressentent une charge importante.
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9 sur 10 se disent fiers d’aider.
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8 sur 10 attendent plus de soutien public.
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